Être s’a’ coche et rater le coche!

Coche_Morburre
(Source: Wikimedia)

Deux expressions si proches, mais si loin à la fois… de « vrai » faux-amis!

Dans le coin québécois, nous avons:

 

« Wow, c’est s’a’ coche!« 

et dans le coin français:

« …et il rate le coche!« 

Utilisant toutes deux le mot « coche« , ces expressions sont « confusantes » comme on dirait au Québec… mais comme il s’agit d’homonymes de genre et de signification différents, elles n’ont pas grand chose à voir. Éclaircissons tout le suite les significations multiples du mot « coche »:

La « coche » (n.f.) de l’expression québécoise est un régionalisme synonyme d’encoche ou d’entaille.

Le « coche » (n.m.) de l’expression française est un terme ancien qui désigne la voiture de transport de personnes conduite par un cocher au 16e siècle.

Maintenant, les expressions en elles-mêmes:

L’expression québécoise, que l’on peut croiser actuellement dans tous les milieux et à la télé québécoise, est constituée d’une contraction d’accent québécois, qui peut la rendre difficile à appréhender pour un Français. C’est pourquoi je prends tout de suite le temps de décrire cette contraction: le « s’a » (sans jeu de mots psychanalytique, s’il vous plaît) est une contraction québécoise très répandue, non-spécifique à cette expression. Pour la comprendre, voici une décomposition de cette contraction par étapes:

Etre s’a’ coche

Etre su’a coche

Etre sur la coche

L’étape intermédiaire « su’a » se dit aussi, quoiqu’elle fait plus ancienne et plus campagnarde. Dans les 2 cas, on laisse traîner le « aa » un peu… mais je m’égare, car quelle que soit la façon dont vous la prononcez, le sens de cette expression reste le même!

Auparavant, l’expression aurait simplement signifié « être très précis », assez littéralement. Mais récemment, le sens de cette expression a commencé à s’élargir pour désigner ce qui est bien et « cool » en général. De plus, il est difficile de traduire le sens de cette expression sans la comparer à une expression anglophone très proche, « on the cutting edge », qui est aussi pas mal sur la coche au sens littéral et figuré! On dirait que la francophone a quelque peu copié ses voisins du sud… Mais ce n’est pas la première, ni la dernière fois que nous sommes influencés par nos voisins!

L’expression française, elle, comporte quelques variantes: rater, manquer ou louper le coche. Elle signifiait d’abord littéralement rater son moyen de transport, pour ensuite désigner le fait de rater une bonne occasion, un momentum. L’expression a ensuite dérivé en « rater le train » (un peu plus contemporain que le coche en France!) qui a le même sens. Ces expressions françaises équivaudrait à l’expression québécoise « rater le bateau« .

Merci à Claude pour son apport de l’expression « rater le coche ». 😉

13 commentaires

  1. L’équivalent anglophone serait: (to be) where it’s at, expression popularisée dans les années 60 par la contre-culture.

    • Merci pour ton commentaire, Jean-Sébastien!
      C’est vrai que « where it’s at » est pas mal non plus. Par contre, je trouve que ce qui est « on the edge » est plus s’a’ coche ! 😉
      Plus sérieusement, « on the edge » me semble plus être de la bonne époque que « where it’s at ». Selon moi, « s’a’ coche » est beaucoup plus contemporain que les années 60… mais je peux me tromper!

  2. Ne serait-ce pas seulement une réappropriation, par inversion, de l’expression française « manquer le coche »?
    Si on se réfère réellement à « une » coche, alors ça référerait à la coche d’une flèche. À ce moment là, la personne qui est sur la coche aurait visée et serait prête à tirer.

    En anglais, ça serait plus « on the ball » ou « on the money ».
    « On the edge » est le diminutif de « Living on the edge » et veut plutôt dire vivre à 100 milles à l’heure.

    • Merci beaucoup Claude pour ton apport!

      Le lien avec « manquer le coche » est très intéressant et je viens de modifier tout l’article pour ajouter cette expression et la mettre en relation. J’aime beaucoup tes théories, quoiqu’un peu compliquée parfois à la limite du fallacieux, je te donne 10 points pour l’effort! 😉

      Pour ce qui est de l’expression anglaise, je référais plutôt à « on the cutting edge », soit « to be on the cutting edge » qui n’est pas la même chose que « living on the edge »…

      • Fallacieux? Vraiment? Compliqué peut-être, mais… fallacieux?

        Pour ce qui est de l’anglais, « to be on the cutting edge » veut dire être à la fine pointe d’un domaine.
        http://www.answers.com/topic/cutting-edge
        Ça s’appliquerait à être sur la coche, mais ça serait une longue stretch.

        http://www.english-for-students.com/On-The-Ball.html

        Aussi:
        1. Main Entry: on the ball
        Part of Speech: adjective
        Definition: alert
        Synonyms: active, all ears, attentive, bright, cagey, careful, clever, good hands, heads up, intelligent, lively, observant, on guard, on one’s toes, on the job, on the lookout, on the stick, perceptive, quick, ready, sharp, spirited, vigilant, watchful, wise, with it

        2. Main Entry: on the ball
        Part of Speech: adverb
        Definition: paying attention
        Synonyms: alert, alive, attentive, awake, on one’s toes, on the job, on top of, ready, sharp, vital, wide-awake, with it

  3. Dac pour l’anglais. On the ball est aussi moins trippante comme expression.
    N’empêche, je persiste et signe, « on the cutting edge » n’est pas synonyme de s’u’a coche. Si c’est ce que tu penses, je crois que tu saisis mal l’expression québécoise. C’est plus un genre de « ils l’ont l’affaire », mais en plus excité.

  4. On ne dit pas «confusante» au Québec. J’ai toujours habité au Québec et je n’ai jamais entendu ça de ma vie. Même que, avant de lire le «comme on dirait au Québec», j’ai pensé que c’était une expression de la France, c’est tout dire… Ce serait bien de corriger. On qualifierait plutôt ces expressions de «mélangeantes».

    • Merci Roxxxaneee pour ton commentaire!
      Etrange, je pense avoir entendu cette expression surtout au Québec pour ma part…. Par contre, je veux bien la changer car « mélangeant » est une expression bien québécoise, lorsqu’utilisée pour parler de quelque chose de confondant ou déroutant.

  5. bonjour,
    en France, du temps où j’y habitais en tout cas, (ou plutôt dans certains milieux parisiens, genre la communication ou la pub) on avait cette expression qui ressemble pas mal : « c’est pointu »
    ça venait de « c’est à la pointe de » comme « c’est à la pointe de la technologie » =c’est le nec plus ultra.
    C’est pointu est devenu une expression qui désigne un truc tendance et/ou technique.
    je serais curieuse de savoir si cette expression est passée de mode depuis mon départ…

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